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25/09/2014

Où Sarko passe, l’info trépasse

sarko-tele.jpg

Nicolas Sarkozy faisait la grand-messe de France 2 dimanche.

Le lendemain, c’est un sujet sur son compte qui passe à la trappe sur France 3.

Il occupe l’antenne. Ça, on l’a vu sur France 2. Pourtant, certains aimeraient apparemment qu’on l’oublie un peu. Nous sommes dimanche.

La rédaction de la 2 offre sur un plateau d’argent 45 minutes à Nicolas Sarkozy. « Comme par hasard, dès le lendemain, une grossière censure à France 3 », flingue un communiqué du SNJ France Télévisions.

Car, pendant qu’on repasse le tapis rouge pour qu’il n’y ait aucun pli à l’œil nu, un journaliste de France 3 peaufine un sujet qu’il travaille depuis plusieurs jours pour le 19/20 de lundi.

En question : des révélations, basées sur le procès-verbal, sur la garde à vue du néocandidat le 1er juillet à Nanterre dans une affaire, rappelons-le, où il est mis en examen. Ça vous dit quelque chose ?

L’information, à défaut d’avoir été diffusée sur la chaîne publique, est passée dans les colonnes de Libération et sur les ondes de France Inter mardi.

Les journalistes des trois médias préparaient conjointement le scoop. C’est lundi, au moment du montage dudit sujet, que la rédaction en chef a fait comprendre à l’auteur qu’« il n’y avait rien de nouveau, ça ne servait à rien de le passer », raconte Serge Cimino, journaliste au service politique de France 3 et membre du SNJ, ajoutant que « ce que la direction a estimé n’étant pas nouveau l’a été chez nos confrères ».

Cette même direction, par la voix de Pascal Golomer, directeur délégué à l’information du groupe, persiste et signe même un communiqué, parlant d’une décision prise « en toute indépendance ».

Les syndicats, eux, maintiennent : il y a censure. « France Télévisions avait l’occasion de se dédouaner et de montrer qu’elle ne roulait pas à 100 % pour l’ancien président de la République.

Non, nos rédacteurs en chef (…) se sont assis sur leur indépendance professionnelle », dénoncent le SNJ-CGT et le SNRT-CGT du groupe.

Et, cerise sur le gâteau, un joli reportage au cœur du QG de campagne du ressuscité a occupé le trou laissé à l’antenne. Ça a dû piquer les yeux des journalistes de France 3. 

Audrey Loussouarn pour l'Humanité - See more at: http://www.humanite.fr/ou-sarko-passe-linfo-trepasse-552735

18/06/2014

France 2 ou la haine du gréviste !

PUJADAS.pngLe 13 juin 2014, les cheminots, majoritairement en conflit avec leur direction, décident la grève dont l’objectif à termes est le maintien de leur statut social dans la fonction publique.

Le commentaire à l’antenne ne s’attardera pas, bien sur, sur l’ouverture du rail à la concurrence en 2002 exigée par l’Union Européenne, ni sur le fait que la réforme crée une entité supplémentaire au-dessus de la SNCF et de RFF, ouvrant la porte à la privatisation.

OUI ! Les salariés de la SNCF sont inquiets. Les exemples en matière de privatisation ne manquent pas qui ont donnés les catastrophes que l’on sait comme le rail en Grande Bretagne et les cascades d’accidents ferroviaires qui ont suivis. Ou encore comme « Orange » avec les dégâts humains qui ont fait la « Une » de nos éditions.

trains.jpgLe journal du 20H de France 2, au service du public, y consacre un reportage en longueur, mais pas sur le fond.

Ce sont de multiples interviews sur le ressenti des usagers qui expriment, pour beaucoup, leur mécontentement.

Pourtant… Quel droit de réponse des salariés gréviste pour expliquer cette situation aux français ?

Quid de l’égalité du temps de parole ?

Le motif de cette grève est peu expliqué par la rédaction de France 2. Est-ce à dessein ?

On peut s’interroger. Le vrai scandale, c’est que faute de négociation les cheminots soient contraints à la grève.

Plusieurs journées sans salaire pour un cheminot seraient sans aucune incidence ?

manif61.jpgL’autre scandale, c’est l’attitude de la rédaction qui « omet » d’en exposer les motifs pour ne relever que la gêne sur les usagers ! Pourquoi aucun syndicaliste de la CGT, premier syndicat des cheminots, ou de SUD RAIL, n’est-il sollicité pour répondre à France 2 ?

Pourquoi un journaliste en « stand-up » sur le plateau parle-t-il des salaires des cheminots ?

Quel est le rapport avec l’actualité ? Seraient-ils grassement payés ? Auraient-ils même la garantie de l’emploi ?

Certains partiraient-ils à 60 ans, cet âge privilégié ?

S’il s’agissait d’autres pays récemment dans l’actualité, nous parlerions de propagande. Ici le jeu est plus subtil puisque c’est précisément à l’échelle d’une vaste interview collective « in vivo » où l’usager même donne son avis, presqu’en direct à la télévision, au journal de 20 H… Alors forcément, cela devient une vérité incontestable.

Quelle est cette méthode journalistique réductrice qui n’enquête pas et qui n’informe pas sur les tenants et les aboutissants ?

Quelle est cette méthode journalistique populiste qui jette une partie des français, les bons et légitimes contre les autres, les mauvais ceux qui se battent non seulement pour leurs droits mais également pour un vrai service public ?

Pourquoi un tel parti pris antisocial dans le traitement de l’information sur le service public, qu’il s’agisse de faits de grève dans les transports en commun ou ailleurs ?Cette vision tendancieuse et libérale du journalisme est choquante et devient malheureusement trop systématique à France 2 dès lors qu’elle relate des conflits sociaux.

La CGT dénonce avec force cette information tronquée et orientée qui ne sert ni à la compréhension ni au décryptage de la réalité si indispensable aujourd’hui.

Communiqué de la CGT de France Télévision

 Paris, Le 17 juin 2014

10/09/2013

C’est parti : le JT de France 2 prépare une nouvelle réforme des retraites

puj2.jpgpar Blaise Magnin, Frédéric Panne, pour Acrimed le 7 juin 2013

Le JT de 20 heures de France 2 du 4 juin 2013 (que l’on peut voir ici consacre deux minutes (de 14’15 à 16’23) au rapport de la commission chargée d’examiner plusieurs hypothèses sur la nouvelle réforme des retraites. Deux minutes d’informations tronquées et faussées.

« L’actualité en France, c’est d’abord, je vous le disais, les premières pistes de la réforme des retraites. La commission chargée d’établir un rapport vient de rendre ses conclusions. Elle évoque de nombreuses possibilités : revenir sur les avantages fiscaux des retraités, augmenter, soit l’âge de départ, soit la durée de cotisation, augmenter aussi les charges patronales, bref, il y en a pour tout le monde. Mais ce qui retient le plus l’attention c’est ce qui concerne l’harmonisation des régimes. La commission suggère de modifier les règles de calcul pour les fonctionnaires. »

« Ce qui retient l’attention ». Mais de qui au juste et pourquoi ? Peu importe : l’attention est focalisée sur la sempiternelle « question » des régimes de retraite des fonctionnaires. Et en quoi est-elle de nature à justifier que le JT s’y intéresse tout particulièrement – plutôt qu’à celle des cotisations patronales, par exemple ? David Pujadas s’abstiendra d’en dire plus, mais le reportage qui suit, réalisé par « Margaux Manière, Didier Dahan, avec notre bureau à Poitiers », permettra peut-être d’y voir plus clair…

Sur fond d’images de fonctionnaires au travail, la journaliste commente, ou plutôt pronostique : « Instituteurs, infirmiers ou encore employés de mairie, leur pension de retraite pourrait baisser. Aujourd’hui le mode de calcul des retraites du public est plus favorable que celui des salariés du privé ; la commission Moreau qui rendra son rapport au gouvernement la semaine prochaine propose de rapprocher les deux systèmes. Une piste qui fait bondir les fonctionnaires... »

Manifestement, la journaliste considère qu’il est inutile de préciser que par « rapprocher les deux systèmes », il ne faut pas entendre aligner les retraites du privé sur celles, dont le mode de calcul serait plus avantageux, du public… Cela va de soi !

La suite du reportage, sans doute censée illustrer à quel point l’idée fait « bondir les fonctionnaires  », propose l’interview d’une femme…

Au téléspectateur de deviner non seulement qui elle est – ni le commentaire, ni aucune incrustation ne l’indiquent – mais aussi quelle question lui est posée – laquelle a été coupée au montage. Et si cette femme, qui est probablement fonctionnaire, retraitée ou non, ne semble pas « bondir », elle est effectivement opposée – quelle surprise – à une baisse éventuelle de sa (future ?) pension : « C’est perdre nos acquis, quelque part, parce que si nous, c’était calculé sur les 6 derniers mois… Il y a beaucoup de prise d’échelon en fin de carrière. C’est quand même plus intéressant.  »

Avec l’infographie qui suit, que redouble le commentaire, la journaliste choisit de présenter les conséquences d’une telle réforme pour « un fonctionnaire » virtuel qui s’avère quelque peu atypique…

« Aujourd’hui, les pensions sont calculées sur les derniers mois de la vie professionnelle. Ainsi un fonctionnaire qui gagne en fin de carrière 4000 euros par mois, touche aujourd’hui 3000 euros de retraite. Mais si la piste évoquée par le rapport était suivie, une période plus longue serait prise en compte, par exemple les 10 dernières années. Et sur cette période, le fonctionnaire n’a pas gagné 4000 euros en moyenne mais seulement 3500. Résultat sa retraite ne s’élèverait plus qu’à 2625 euros, 11 % de moins qu’aujourd’hui. »

On reste perplexe devant cette simulation : en 2009, selon l’INSEE, le revenu moyen des fonctionnaires était d’un peu moins de 2400 euros… Alors qui sont ces fonctionnaires qui finissent leurs carrières à 4000 euros par mois ? Existent-ils ? Combien sont-ils ? De quoi parle-t-on ? Salaire net ou salaire brut ? Celui ou celle qui aurait voulu suggérer que les fonctionnaires sont des nantis ne s’y serait pas pris autrement…

Le reportage enchaîne avec quelques mots d’Éric Aubin, présenté comme le responsable chargé des retraites à la CGT. Là encore, on ne sait quelle question lui a été posée…

« C’est une mesure pour rien. Qui avait fait l’objet d’un débat en 2010 avec Éric Woerth qui avait, à l’époque, abandonné cette mesure parce qu’elle ne sert à rien et elle va crisper, effectivement, les salariés notamment du public. » Des propos si brefs et allusifs, qu’on ne pourra en retenir que son opposition à la mesure. Il aurait par exemple pu être intéressant de savoir pourquoi ce bon connaisseur du dossier affirme à deux reprises que ce serait « une mesure pour rien »... Mais ce n’est pas dans le JT France 2 que le téléspectateur l’apprendra.

En revanche, ledit téléspectateur se voit apporter une nouvelle preuve des privilèges inouïs dont bénéficient les fonctionnaires, avec une nouvelle statistique dont on ne saura pas d’où elle sort, ni ce qui pourrait l’expliquer.

« Aujourd’hui dans le privé la retraite est calculée sur les 25 dernières années. Et elle est moins élevée en moyenne : 1216 € contre 1724 pour le public. » On appréciera le souci de cohérence de la journaliste qui choisit de réfléchir sur une pension de 3000 euros quelques secondes avant d’annoncer qu’elles s’élèvent en moyenne à un peu plus de 1700 euros dans la fonction publique… Quant à savoir si, par exemple, des différences de qualification, et donc de rémunération, entre salariés des secteurs public et privé, ne pourraient pas contribuer à expliquer de tels écarts, ce serait trop demander…

puj1.jpgEt la journaliste de préciser que « ce soir, Matignon évoque de simples pistes. Les discussions sur les retraites commenceront réellement le 20 juin. » En plateau, David Pujadas conclut même avec un quasi scoop : « Précision importante il y a quelques minutes. L’entourage de François Hollande a confirmé que le calcul des retraites des fonctionnaires fera bien partie du débat. »

Si la qualité de l’information, dans ce « sujet », fut d’une nullité affligeante, l’équipe de David Pujadas pourra au moins se féliciter d’avoir accompli son travail de « pédagogie »… en esquissant les conclusions de discussions qui n’ont pas commencé.

Frédéric Panne et Blaise Magnin

06/07/2013

INFORMATIONS : LES DERIVES DU SERVICE PUBLIC !

puj1.jpgQuand Bruno Masure veut s'exprimer, il n'y va pas par quatre chemins. L'ex-présentateur du journal télévisé de France 2 - entre 1990 et 1997 -, connu pour son franc parler, s'en est violemment pris à son successeur, David Pujadas. Il a lancé ses piques sur Twitter, un réseau social qu'il affectionne.

Le journaliste critique, d'abord, le choix du sujet d'ouverture du JT de mercredi soir. "Une fois de plus, TF1 donne une leçon de journalisme à Pujadas qui ose 'ouvrir' sur la Belgique - et l'abdication du roi des Belges - au lieu de l'Égypte", estime-t-il avant d'évoquer un "Servicepublicdemerde".

pujadas.jpgBruno Masure tient sa proie et ne la lâche pas. Il retweete, peu après, ce message : "Pujadas, tu n'es qu'une merde dans le milieu du journalisme". Puis, un autre tout autant virulent. "A ce stade là, ce n'est plus une erreur c'est de l’incompétence". Avant le bouquet final: "Ce crétin de David Pujadas, qui ne donne même pas les dernières news (sur l'Egypte), comme l'a fait Gilles Bouleau! Ecoeuré."

Ces attaques n'ont évidemment pas laissé indifférent. L'ancien journaliste, qui affirme, non sans ironie, avoir "désinformé la France pendant 20 ans", selon sa bio sur Twitter, a été interrogé par Le Figaro. "Ce qui se passe en Égypte est 500 000 fois plus important que ce qui se passe en Belgique, explique-t-il. Même TF1, une chaîne commerciale vivant des ménagères et qui ne s'intéresse pas à la politique internationale, l'a compris. TF1 a évidemment ouvert son journal sur l'Égypte (...) France 2 nous a fait un numéro incroyable sur la Belgique. C'est strictement n'importe quoi." Bruno Masure charge également son successeur sur l'interview de Bernard Tapie : "Vingt-cinq minutes accordées à Bernard Tapie sans avoir le lendemain un contre-point. C'est un vrai problème." L'ex-présentateur du JT ne s'arrête pas là : "Pujadas adore le spectaculaire, le fait-divers et un peu le crapoteux."

Publié dans Actu Orange